Billet politique – « La France à l’heure d’une politique anachronique »
Le gouvernement constitué, voici venu le temps de l’ouverture de la session parlementaire : du discours de politique générale de Michel Barnier au vote de la motion de censure. Retrouvez mon billet politique « La France à l’heure d’une politique anachronique ».
Derrière le style consensuel, feutré, voire soporifique de M. Barnier, j’ai surtout retenu de son discours un anachronisme patent. Vu les références de M. Barnier, qui a cité le général de Gaulle, Mendès-France, Saint-Exupéry ou Rocard, il semble que sa France ressemble plus à celle d’hier qu’à celle de demain.
Une impression renforcée par le casting calamiteux de son gouvernement. Nous y trouvons des ministres qui portent la vision d’une vieille France, celle qui vote encore contre l’avortement ou contre le mariage pour tous, quand une grande majorité de la population y est favorable. Et d’autres qui étaient déjà ministres sous les précédents gouvernements, comme s’ils traversaient les saisons sans qu’aucune dissolution ou démission ne soit passée par là.
Nous voilà donc loin d’être prêt·es à ouvrir une nouvelle page pour la France !
Anachronique enfin, car l’on pouvait croire révolue l’époque d’une majorité qui faisait le marchepied à l’extrême droite comme pour le vote de la loi immigration. Et retenue la leçon de la dissolution qui aurait pu plonger le pays dans le chaos après le score de l’extrême droite aux élections européennes, si les électeurs et électrices n’avaient pas décidé de lui barrer la route de Matignon.
Pourtant aujourd’hui, le Gouvernement de Michel Barnier est né d’un double deal du Président Macron : avec la droite réactionnaire et avec le RN.
Après 7 années de macronisme, nous n’étions pas prêt·es à subir une année de plus. Les résultats des élections étaient pourtant clairs : l’ouverture d’une nouvelle ère et le rejet catégorique de l’extrême droite. Mais la défaite s’est transformée en un maintien de la politique d’Emmanuel Macron, coûte que coûte, et même en pire. Un véritable anachronisme de refuser l’alternance quand elle fait partie intégrante de la démocratie.
Et à l’heure où les Françaises et les Français ont besoin de protection, voilà que revient en boucle le mot : austérité, austérité, austérité. Comme si la répétition rendrait plus légitime l’application de cette politique.
La dette publique existe. Elle a été creusée chaque année pour atteindre la somme vertigineuse de 3154 milliards d’euros. Mais qui doit payer l’addition ?
Sous M. Barnier, le choix est simple, les 40 milliards milliards d’économies en 2025 et les 23 milliards par an, pendant 7 ans, ce seront les classes populaires et les classes moyennes qui les paieront ! Quand du côté du Nouveau Front populaire, nous voulons faire payer les plus riches et les multinationales.
Michel Barnier disait de la dette économique qu’elle était une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, mais en réalité, c’est la politique d’austérité qui en est une. Prête à trancher dans les services publics, à hacher menu le pouvoir d’achat en augmentant la taxe sur l’électricité de madame et monsieur tout le monde, à couper dans les fonds des collectivités : 1,5 milliard dans le fonds vert tout de même.
Une belle ironie quand le Premier ministre annonce dans le même temps vouloir répondre à la dette écologique. Voilà un premier acte qui annule ses belles paroles : non, l’heure ne sera toujours pas à la transition écologique. Un retour en arrière vers une politique du déjà-vu, dont on ne connaît que trop bien les effets délétères, que nous paierons encore plus cher, bien plus cher pendant des décennies.
Voilà ce qui aurait dû pousser une majorité de député·es à voter la censure.