Laissez dépérir la psychiatrie c’est accroître la violence dans notre société
Des menaces de mort ont été proférées le 4 décembre à l’encontre de la maire de Saffré, Marie-Alexy Lefeuvre par un jeune homme nécessitant des soins psychiatriques. Cette agression doit provoquer un sursaut de société : protéger les élu·es, protéger les citoyen·nes, protéger les plus fragiles pour enrayer la violence.
La santé mentale est un enjeu de santé publique. Dès le début de mon mandat, j’en ai spontanément fait un des axes prioritaires de mon action en circonscription et à l’Assemblée nationale. C’est un sujet qui concerne tout le monde, pourtant, il est insuffisamment pris en compte dans l’action de l’Etat. S’il y avait un message à retenir, il serait le suivant : la mauvaise santé mentale est le reflet d’une société malade. Malade quand on n’accompagne pas les patient·es, malade quand on n’accompagne pas les professionnel·les, malade quand on abandonne les familles et proches. L’apaisement et la cohésion de la société passent par le bien-vivre de chaque individu qui la compose.
Avec émotion, et avec effroi, j’ai pris connaissance des propos qui ont visé Marie-Alexy Lefeuvre. Cette agression montre l’abandon que subissent les maires. Ils et elles se retrouvent à pallier les manques des services publics. Ici celui de la psychiatrie, alors que le jeune homme, sous curatelle, aurait dû bénéficier de soins plus réguliers et d’un logement mieux situé, par rapport à ses soins et à son insertion. Des signalements avaient été effectués au cours des deux dernières années au fil de ses actes. Par les élus, qui sont en première ligne, ce sont eux qui prennent les coups, et qui risquent même leur peau.
L’abandon va encore plus loin, alors que je posais une question d’actualité au gouvernement en évoquant cette situation, le Ministre de la Santé n’a eu aucun mot de soutien à l’égard de Mme la Maire.
Pour revoir ma question au Ministre de la Santé, cliquez sur l’image ci-dessous (42:10) :
Le discours du Gouvernement sur l’état de crise du système de santé mentale se fracasse contre la réalité du terrain (revoir la réponse du Ministre de la Santé en cliquant ici). Cette agression, comme tant d’autres, s’explique par la lente destruction de la psychiatrie et le manque criant de réponses face aux enjeux de santé mentale, qui ne permet plus aux patient·es d’être pris·es en charge à temps ou correctement.
Les élu·es doivent être accompagné·es pour faire face à ces situations. D’une part, je demande à ce que les sanctions pénales pour atteintes aux élu·es soient alignées sur celles à l’encontre des personnes dépositaires de l’autorité publique. D’autre part, il est urgent d’accorder la protection fonctionnelle à tous·tes les élu·es. toute la population qui doit être protégée.
Laisser dépérir la psychiatrie, c’est accroître la violence dans notre société : celle contre les élu·es parfois, celle contre les citoyen·nes souvent, celle contre les patient·es et les professionnel·les.
Il nous faut d’urgence un plan pour la santé mentale, la considérer comme une problématique majeure de santé publique. Je demande à ce qu’on en fasse la grande cause nationale 2025 pour symboliser le volontarisme des pouvoirs publics.
Il est nécessaire de s’interroger sur la perte de sens profonde de la discipline et d’agir en conséquence. Les besoins et les ressources doivent être planifiés, en prenant en compte la spécificité des territoires. Une politique d’aller-vers les populations précaires dans les lieux de vie publics doit être déployée, notamment pour améliorer la détection précoce de troubles mentaux des enfants et adolescents.
Fermer les yeux ne sera jamais une solution. Minimiser la réalité aggraverait la situation. Sortons des postures, il ne s’agit pas de pointer du doigt un·e responsable. Mais bien de travailler ensemble : avec ma collègue Julie Laernoes nous avons invité par courrier le Ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, à venir en Loire-Atlantique, mesurer la réalité du terrain des hôpitaux psychiatriques, voir les IME, rencontrer les patient·es, les familles, les personnels.