Réutiliser les voitures pour la mobilité des personnes précaires en ruralités
Le 27 mars, l’Assemblée nationale a adopté définitivement – et à l’unanimité ! – une proposition de loi des écologistes pour permettre l’accès à la mobilité des personnes précaires dans les territoires ruraux. C’est une victoire sociale et écologique pour nos campagnes !
La mobilité est pour toutes et tous une affaire cruciale du quotidien. Elle est une nécessité pour l’inclusion sociale, parce que de la mobilité dépend l’accès aux droits, aux services, loisirs et à l’emploi. Dans les territoires ruraux, elle peut représenter un défi car le rapport à la distance y est différent. Les solutions sont parfois plus compliquées à trouver parce qu’on ne peut pas calquer ce qu’on fait en ville à la campagne : bien rares sont encore les moyens de substitution disponibles à la voiture.
Alors que le long mouvement d’éloignement des services publics, de désertification médicale des territoires, de fermetures des commerces de centre-bourg se poursuit et même s’accélère, les déplacements et les distances augmentent inévitablement. A la campagne, ne pas pouvoir se déplacer constitue un frein au quotidien et une entrave à l’égalité au sein de notre société.
Ainsi, le nombre de personnes touchées par la précarité dite de mobilité est estimé à 13 millions. 4 millions de Françaises et Français n’ont aucun mode de transport individuel ou collectif.
Face à ce problème, Joël Labbé (ancien sénateur écologiste du Morbihan) a eu une idée assez simple : permettre l’accès à la mobilité à des personnes précaires par une réutilisation de voitures à la place de leur destruction systématique.
Chaque année, plus de 90 000 véhicules partent à la casse avec la prime à la conversion qui accorde une aide pour se séparer d’un véhicule par l’achat d’un moins polluant. Parmi ces voitures, 59 % sont classées en Crit’air 3 et encore en bon état d’utilisation. Ainsi, plutôt que de les envoyer à la destruction, nous avons permis que ces voitures soient transmises aux plus de 150 garages solidaires qui les loueront à prix réduit à des personnes qui n’ont pas ou plus de voitures et qui n’ont pas les moyens d’en acheter une. Cette mesure était une demande des garages solidaires, qui font face à une forte augmentation des demandes, auxquelles ils ne pouvaient plus répondre.
Le réemploi des véhicules, c’est une réponse sociale, économique et écologique pour la mobilité, particulièrement en ruralité.
Le réemploi des véhicules est une solution sociale parce qu’il permet aux personnes précaires d’accéder à une voiture. Si la prime à la conversion peut être un outil adéquat pour amplifier le renouvellement du parc automobile et améliorer son bilan environnemental, nombreuses et nombreux sont celles et ceux pour qui le reste à charge demeure bien trop élevé.
Il s’agit d’une solution sociale aussi parce qu’elle contribue à rendre les personnes autonomes : pouvoir se déplacer sans dépendre forcément du bon vouloir ou de l’aide d’un voisin, d’une amie ou d’un membre de sa famille, parfois pour des actes du quotidien aussi simples qu’aller faire ses courses.
Le réemploi des véhicules est une solution économique parce qu’il vient mettre fin à une spirale infernale : sans voiture, pas de travail ; sans travail, pas de voiture. 28 % des demandeuses et demandeurs d’emploi déclarent avoir renoncé au moins une fois à un emploi dans les 5 dernières années faute de moyens de transport.
Le réemploi des véhicules est enfin une solution écologique parce qu’il applique le principe simple de réparer et de réutiliser plutôt que de jeter. Le réemploi temporaire et encadré permet ainsi de réduire l’impact environnemental de la construction des véhicules et de compenser leur empreinte carbone, en prolongeant leur durée de vie.
Je me félicite qu’avec mes collègues écologistes Marie Pochon, députée de la Drôme, et Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin, nous ayons pu concrétiser cette idée qui pourra changer concrètement la vie de milliers de personnes dans nos campagnes.
Vous pouvez consulter la loi visant à favoriser le réemploi des véhicules, au service des mobilités durables et solidaires sur les territoires à ce lien.